Détail de la nouvelle

À la mémoire d’Yves Morin

C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de M. Yves Morin survenu le 4 juin.

Le cardiologue Yves Morin a mené une vie extraordinaire et ses nombreuses réalisations lui ont valu une carrière remarquable et de prestigieuses reconnaissances. Il a notamment été doyen de la Faculté de médecine de 1975 à 1979. Nous présentons nos plus sincères condoléances à toute sa famille, ses proches et ses collègues.

Pour consulter l’avis de décès

In Memoriam

Nous tenions à rendre hommage à cet homme exceptionnel en publiant un texte écrit à l’occasion de son décès par le directeur du Département de médecine Jacques Couet.
 
Natif de Québec, il commence ses études de médecine à l’âge de 17 ans à l’Université Laval, où il obtient son doctorat en 1953. Grâce à une bourse de la Fondation Rotary International, il ira travailler auprès de grands maîtres de la cardiologie, spécialité en plein essor. Ce sera d’abord Toronto, puis Londres et Paris.

Après sept années, il revient à l’Hôtel-Dieu de Québec, où il devient en 1961, le premier clinicien salarié à temps plein de l’Université Laval. Dégagé de l’obligation de suivre des patients, il se consacre pleinement à la recherche sur les maladies du myocarde.

En 1965, survient une épidémie. Une centaine de personnes se présentent à l’urgence, atteintes d’une maladie cardiaque subite et inconnue. La moitié d’entre elles y succombent. Le docteur Yves Morin, mène l’enquête avec une équipe de pathologistes. La cause est bientôt démasquée : il s’agit du cobalt, métal considéré inoffensif, qu’une brasserie de Québec ajoute à sa bière pour la faire mousser. Les autorités sanitaires et brasseurs vont se rendre à ses conclusions ce qui permettra d’abolir cette pratique partout dans le monde. La découverte de la toxicité cardiaque du cobalt lui vaut rapidement une reconnaissance internationale.

Au cours des années suivantes, Yves Morin, qui dirige alors l’Institut de cardiologie de Québec, se penche sur une maladie cardiaque due à des carences alimentaires faisant alors des ravages en Afrique. Ses travaux contribueront à l’éradication de ce fléau. 

Grâce au microscope électronique, que son équipe et lui sont parmi les premiers à utiliser pour étudier le myocarde, il réalise d’importantes découvertes qu’il relate dans plus de 200 publications scientifiques. 

De 1980 à 1996, il est chef du Service de cardiologie de l’Hôtel-Dieu, puis il occupe le même poste pour l’ensemble du Centre hospitalier universitaire de Québec jusqu’en 1998.

Toutefois, le médecin a aspiré à relever d’autres défis tout au long de sa carrière. Ainsi, il s’engagera dans l’administration de la recherche, d’abord au sein de sa faculté, puis à la grandeur du Québec et du Canada. À l’époque où les jeunes chercheurs en début de carrière connaissaient d’importantes difficultés à s’équiper et à s’intégrer dans un laboratoire au Québec, Yves Morin a voulu instaurer un système pour leur permettre de démarrer. Avec le docteur Jacques Genest, il contribuera à l’essor du Conseil de recherches médicales du Québec, ancêtre de l’actuel FRQ-S, dont il deviendra président en 1968. Il sera directeur à partir de 1972 du Département de médecine de la Faculté de médecine puis, en 1975, il en est nommé doyen, poste qu’il occupe jusqu’en 1979.

Durant les années 90, Yves Morin joue un rôle de premier plan dans la création des IRSC. Il collabore étroitement avec le docteur Henry Friesen, pour bâtir une organisation d’un nouveau genre, qui réunira des chercheurs et chercheuses de tout le Canada au sein d’instituts thématiques. Le docteur Morin insistera pour mieux incorporer les sciences humaines et sociales, domaine dans lequel le Québec excelle, à la recherche fondamentale et clinique qui prédominaient jusqu’alors. La démarche se heurte à une grande résistance de certains milieux. Toutefois, Yves Morin et Henry Friesen finissent par convaincre les plus récalcitrants de la justesse de leur vision. Rares sont ceux qui mettraient encore en doute cette initiative qui a permis à la multidisciplinarité de s’épanouir dans la recherche sur la santé.

À 71 ans, il entre au Sénat. Pendant quatre ans, il travaille à l’organisation de la recherche en santé, en participant aux travaux de la commission Kirby et en partie à ceux de la commission Romanow. De 2001 à 2004, Yves Morin est aussi conseiller spécial pour la recherche du ministre fédéral de la Santé, Allan Rock.

Au cours de sa carrière, le docteur Morin a mérité plusieurs distinctions. Il a notamment été nommé officier de l’Ordre du Canada en 1991, officier de l’Ordre national du Québec en 1995 et chevalier de l’Ordre national du mérite, en France, en 1997. Il reçoit en 2007 le Prix Armand-Frappier pour son implication en recherche et ce, à plusieurs niveaux.

source : https://prixduquebec.gouv.qc.ca/recipiendaires/yves-morin/