Il faudra toutefois convaincre une partie des femmes qu'une diminution de la fréquence des mammographies ne met pas leur santé en péril
Les Canadiennes appuient fortement l'idée d'adapter le dépistage du cancer du sein au risque personnel qui pèse sur elles en raison de leur bagage génétique et de leurs habitudes de vie. Seul bémol à cette ouverture, si leur risque était jugé modéré ou sous la moyenne, la moitié des femmes aurait certaines réticences à ce que la fréquence des tests de dépistage soit réduite.
Voilà les principaux constats qui se dégagent d'une enquête menée auprès de 4293 Canadiennes de 30 à 69 ans, et dont les résultats viennent de paraître dans le Journal of Personalized Medicine. Cette enquête a été menée sous la direction de Hermann Nabi, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval. Elle a été réalisée dans le cadre du projet international PERSPECTIVE, dirigé par son collègue Jacques Simard. Ce projet vise à déterminer s'il est possible de personnaliser le dépistage par mammographie au risque individuel de chaque femme.
« Certaines femmes ont l'impression qu'elles vont recevoir moins de service si cette approche est adoptée. Il y a de la sensibilisation à faire pour leur montrer que ce n'est pas le cas et qu'il est inutile de subir un test qui ne leur procure aucun avantage. »
— Hermann Nabi
Rappelons que les recommandations au sujet du dépistage du cancer du sein reposent présentement sur l'âge. Au Québec, par exemple, les femmes sont invitées à passer une mammographie tous les deux ans à partir de 50 ans, et ce jusqu'à 74 ans. « Pourtant, entre 18% et 20% des cancers du sein surviennent chez les femmes de moins de 50 ans, signale le professeur Nabi. Nous savons qu'il y a des gènes qui augmentent le risque de cancer du sein et d'autres qui le diminuent. Nous savons aussi que les habitudes de vie affectent ce risque. Notre hypothèse est qu'en tenant compte de tous ces facteurs, on peut déterminer la catégorie de risque de chaque femme et adapter son programme de dépistage en conséquence. »
Encore faut-il que les femmes appuient cette idée. « Même si on a les meilleurs outils, ils ne serviront à rien si les femmes ne sont pas prêtes à les utiliser. Notre enquête voulait vérifier l'acceptabilité du dépistage personnalisé en fonction du risque », précise le chercheur.