Des percées prometteuses qui ouvrent la voie vers de nouveaux traitements médicaux
Des équipes de la Faculté de médecine ont réalisé deux des 10 découvertes les plus importantes de l’année 2024 selon le magazine de vulgarisation scientifique Québec Science.
Une protéine qui pourrait favoriser le rétablissement après un accident vasculaire cérébral
Une équipe dirigée par le professeur Ayman ElAli, de la Faculté de médecine, a découvert le rôle clé d’une protéine dans la réparation des tissus endommagés à la suite d’un AVC. Cette percée pourrait éventuellement mener à la mise au point d’un nouveau traitement des AVC par voie nasale.
La protéine en question, appelée PDGF-D, a été découverte il y a une dizaine d’années mais sa fonction demeurait inconnue. Les seuls récepteurs connus de la PDGF-D se trouvent sur des cellules appelées péricytes, situées à l’interface des cellules nerveuses et des vaisseaux sanguins du cerveau. Ces cellules jouent un rôle essentiel dans la stabilisation du système vasculaire cérébral. Un AVC peut provoquer leur mort ou perturber leur fonctionnement.
Pour comprendre l’effet de la PDGF-D sur les péricytes, les chercheurs ont induit une sous-expression de cette protéine chez des souris utilisées comme modèle d’étude pour l’AVC. Dans les jours qui ont suivi l’AVC, ils ont constaté une plus forte mortalité des neurones et une réduction de la densité des vaisseaux sanguins.
Ils ont ensuite administré la PDGF-D dans la cavité nasale des souris après un AVC, ce qui a entraîné une meilleure survie des neurones et une augmentation de la densité et du débit des vaisseaux sanguins cérébraux. Des expériences in vitro avec des cellules humaines ont donné des résultats similaires.
À la lumière de ces résultats publiés en mai dernier dans la revue Cellular and Molecular Life Sciences, l’idée d’administrer cette protéine à des personnes qui viennent de subir un AVC s’impose spontanément à l’esprit : la molécule existe naturellement dans le corps, elle peut être synthétisée en laboratoire et il est possible de l’administrer de façon non invasive. Il reste maintenant à en faire la démonstration chez l’humain.
Des médicaments utilisés contre le cancer du sein pour traiter le cancer de la prostate
Une équipe dirigée par Étienne Audet-Walsh, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec — Université Laval, a fait une découverte au potentiel clinique considérable : les médicaments utilisés contre le cancer du sein pourraient servir à traiter le cancer de la prostate. Ces médicaments, qui ciblent les récepteurs d’estrogènes, pourraient ralentir la progression des tumeurs chez environ 50 % des patients.
Les estrogènes sont des hormones généralement associées à la femme, mais les hommes en produisent aussi, quoiqu’en quantités moindres.
Chez la grande majorité des hommes atteints d’un cancer de la prostate, les tumeurs prolifèrent en réponse aux androgènes, les hormones sexuelles dites masculines. C’est pourquoi les traitements ciblant ces hormones sont utilisés pour traiter ce cancer. L’efficacité de ces traitements diminue toutefois avec le temps et les scientifiques ont voulu savoir si les estrogènes pouvaient être en cause.
Ils ont étudié 280 tumeurs de la prostate et ont constaté que la moitié d’entre elles possédait des récepteurs d’estrogènes. En croisant ces résultats avec le dossier médical des patients, ils ont déterminé que l’abondance de ces récepteurs était liée au risque de récidive du cancer, à sa progression, à la formation de métastases et à la survie des patients.
Des expériences subséquentes sur des cellules et des animaux ont conduit à des résultats qui pointent tous dans la même direction. Lorsque les estrogènes se lient aux récepteurs d’estrogènes, ils stimulent des mécanismes liés à la croissance des cellules cancéreuses de la prostate. À l’inverse, des médicaments qui bloquent les récepteurs d’estrogènes réduisent la prolifération et la croissance de ces tumeurs.
La première auteure de l’article qui détaille cette découverte, publié dans The Journal of Clinical Investigation, est la doctorante Camille Lafront.
Découvrez la troisième découverte de l’Université Laval qui apparait également dans le palmarès du magazine Québec Science.