Leur action immunitaire est encore mal connue, mais le professeur Éric Boilard cherche à percer le mystère qui entoure ces minuscules composantes du sang et le rôle qu’elles jouent dans les maladies auto-immunes
Peu de chercheurs font une découverte qui ébranle un dogme scientifique. C’est pourtant ce qu’a fait Éric Boilard lorsqu’il a publié en 2010 un article sur le rôle des plaquettes dans l’inflammation arthritique. En associant les plaquettes à une réponse inflammatoire de l’organisme, le chercheur, qui terminait à l’époque un stage postdoctoral à l’Université Harvard, venait de prouver que ces petits éléments sanguins font sans contredit partie du système immunitaire humain.
« Le sang est formé de plusieurs composantes, notamment les globules blancs, les globules rouges et les plaquettes. Grosso modo, le rôle des globules blancs est de protéger l’organisme des infections en produisant, notamment, une réaction inflammatoire et des anticorps. Celui des globules rouges est de transporter l’oxygène. Finalement, celui des plaquettes est de permettre au sang de coaguler, ce qui arrête les saignements. En immunologie, les scientifiques se concentraient donc sur l’étude des globules blancs, délaissant celle des plaquettes, que tous croyaient à tort inactives dans la réponse immunitaire », vulgarise le chercheur.
À la suite de cette découverte, tout un nouveau pan de recherche s’est ouvert en immunologie. Aujourd’hui, professeur à la Faculté de médecine et au Centre de recherche du CHU de Québec — Université Laval, Éric Boilard continue ses travaux sur la fonction immunitaire des plaquettes, tout en cherchant également à mieux comprendre le dérèglement immunitaire à l’origine des maladies auto-immunes.