Le spécialiste de l’obésité et des maladies chroniques sociétales, Jean-Pierre Després, espère créer une mobilisation populaire qui fera comprendre aux élus l’importance de la prévention en santé
Après 37 années de recherche sur l’obésité et les maladies chroniques sociétales, et presque autant à plaider en faveur d’une approche préventive en santé, Jean-Pierre Després en a eu assez d’attendre après les gouvernements. Il a pris la plume pour appeler les citoyens à une mobilisation populaire qui, l’espère-t-il, fera enfin bouger les choses.
« En publiant La révolution active, j’espère provoquer une révolution pacifique qui fera en sorte que le message de la prévention sera finalement entendu par les élus. »
Au Québec, plus d’un million de personnes vivent avec le diabète de type 2, rappelle le professeur du Département de kinésiologie de l’Université Laval, aussi directeur scientifique de Vitam — Centre de recherche en santé durable. « Plus de un million », répète-t-il, en insistant sur chaque syllabe pour bien faire saisir l’ampleur du problème. Le diabète de type 2 est le triste porte-étendard des maladies chroniques attribuables au mode de vie des sociétés caractérisées par la sédentarité et la mauvaise alimentation. Plusieurs autres maux de ce type lui emboîtent le pas : cancers, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires et certaines atteintes cognitives.
« Une proportion importante de ces maladies s’explique par des habitudes de vie modifiables, signale le professeur Després. Même si ça fait des années qu’on insiste sur l’importance de miser sur la prévention pour lutter contre ces maladies et pour éviter de frapper collectivement un mur, le Québec n’en fait pas plus qu’avant en matière de prévention. Notre système de santé reste dans le même paradigme : gérer la maladie en se concentrant sur l’organisation des services. »
À son arrivée à l’Université Laval, en 1986, Jean-Pierre Després a emprunté le parcours typique des jeunes professeurs. De subvention en subvention, de publication scientifique en publication scientifique, il s’est taillé une place enviable dans son domaine. Ce modèle a été bon pour lui. Le total des fonds de recherche qu’il a obtenus au fil de sa carrière se chiffre en millions et il a près de 800 publications à son actif. Mais, très tôt dans sa carrière, il a senti que quelque chose clochait.