Luc Vigneault, pair aidant et patient partenaire à l’Université Laval, a codirigé un ouvrage collectif qui marie le savoir expérientiel et les connaissances scientifiques en santé mentale
Même en 2022, les personnes qui ont un trouble de santé mentale sont souvent victimes de préjugés, de discrimination et de stigmatisation. Et les attaques viennent de partout. De la société en général, des organismes gouvernementaux, des médias, des employeurs.
« Mais, les plus grands discriminateurs sont les soignants. Même certains psychiatres, qui sont pourtant censés nous aider, stigmatisent leurs patients. C’est souvent involontaire, parfois par ignorance et souvent en raison de l’héritage asilaire qui associe trouble mental et diagnostic à vie, sans possibilité de rémission. »
Ces paroles peuvent sembler dures à l’égard des soignants, mais elles viennent d’une personne qui s’y connaît en matière de santé mentale. Luc Vigneault a reçu un diagnostic de schizophrénie à l’âge de 17 ans. Un médecin lui avait alors annoncé qu’il ne pourrait jamais travailler ou mener une vie normale. Il a été interné à plusieurs reprises au cours de sa vie. C’est dire à quel point le chemin qu’il a emprunté vers le rétablissement n’a pas été facile.
Luc Vigneault a aujourd’hui 62 ans, son trouble de santé mentale est contrôlé et il mène une vie heureuse et productive. Il a écrit trois ouvrages, il donne des formations et des conférences et, depuis 2010, il utilise son savoir expérientiel de la schizophrénie dans ses activités professionnelles de chargé de cours, de pair aidant dans des équipes de soins et de patient partenaire dans des équipes de recherche. Il fait partie des équipes du Centre de recherche en santé durable VITAM et du Groupe CAP-Rétablissement de l’Université Laval.
« Malgré tout cela et malgré tout ce qu’on entend sur l’importance de parler de santé mentale, je suis encore stigmatisé », constate-t-il.